BILLET D’HUMEUR N°75
Olivier Manceron
Le 20/01/22.
Le jour se lève. Tout prête à la
bonne humeur et à l’optimisme. Les omicrons s’apprêtent à estomper leurs vagues
destructrices et l’avenir réapparait derrière les nuages roses de l’aube. Les
grognements de chiens en laisse des armées étrangères résonnent dans les
sous-bois des forêts frontalières, décorant de vert sombre leurs frondaisons,
déjà frissonnantes de l’attente du printemps. Le monde bouge. La glace se
fendille. Bientôt les beaux jours. Nos oreilles se sont faites aux débordements
mousseux des borborygmes médiatiques et aux cris d’orfraie lancés par les protagonistes
électoraux à chaque billevesée présidentielle. Nos yeux scrutent l’horizon en
quête de nuées prometteuses, sans s’arrêter aux miasmes atmosphériques des
pollutions industrielles. Nos bouches restent mi-closes. Les paroles
s’éteignent sous le masque hygiénique, qui ne laisse échapper que les harangues
des anti-quasi-tout et leurs vociférations libertariennes. Aux orées des bois, parés
d’espoir et de pendants d’oreilles, les noisetiers feutrent de vert amande les
chevilles moussues des futaies. Les premiers oiseaux des fourrés nous flattent
les tympans de leur joie de vivre. On attend les fleurs. Les annonces
catastrophiques des collapsologues climatiques relâchent leur étreinte sur nos
cœurs, quand les bruits de bottes et de chenilles des lance-roquettes se font
plus prégnants dans les haut-parleurs des chaînes continues d’actualité. Cela
soulage un peu de changer de peur. Cela ne va pas si mal. On rencontre des difficultés
à trouver une place à l’année en France dans un port de plaisance. On aspire à
une vie normale. On attend le prochain calendrier de la levée des restrictions.
Il fait froid, mais il y a du soleil. Les gros financiers du beau monde n’ont
jamais été aussi riches. Les crises économiques et sanitaires annoncées ne sont
que de nouveaux fromages pour leurs insatiables appétits. Enfin, des gens
heureux ! Nous avons tant besoin d’années folles, de danses débridées, de
fêtes, d’alcools et de légèreté. Alors vous comprenez, l’Ukraine, les gilets orange
noyés par des mers dénaturées et les charniers de canards du Périgord ne vont
pas entamer notre désir d’harmonie. Notre volonté de ne pas imaginer impensable
doit nourrir nos capacités de développement personnel et au maintien de nos
équilibres intérieurs. Ne sont-ils pas les conditions expresses de notre santé
et de notre prospérité ? Pour la nouvelle année, recevez tous mes souhaits
de bonheur et de bonne humeur !
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